Ching-Lien Wu dirige le Requiem de Brahms pour ses adieux hollandais
« Pendant huit ans, Ching-Lien Wu a emmené nos chœurs vers de nouveaux sommets » : c'est ainsi que lui rend hommage Sophie De Lint, Directrice de l'Opéra national des Pays-Bas. Dans une vision claire, Ein deutsches Requiem de Brahms a été choisi pour ce concert d'adieu de Ching-Lien Wu, tel un « chant d'espoir » dans les circonstances actuelles et futures. Le choix de la réduction piano vise à « mettre le pouvoir et la pureté de la musique en valeur ».
Le Chœur de l'Opéra national des Pays-Bas, d'une coordination et d'une solidité constamment impeccables, soigne bien les nuances et les transitions entre les pupitres d'hommes et de femmes, comme entre eux et les solistes : dans une atmosphère jubilatoire, une démonstration remarquée de dignité, de pouvoir, et d'excellente articulation jusqu'au dernier éclat.
Les passages de lamentation et de méditation sont exécutés avec sensibilité et patience, produisant quand nécessaire une impression d'inertie temporelle. Ces qualités sont concrètement et d'emblée démontrées par une immersion dans l'obscurité, la quiétude et la louange ("Herr, du bist würdig" Seigneur, tu es digne). Ce climat est surtout remarquable grâce à l'articulation bien maîtrisée et la collaboration avec le piano, qui complémente les textures et la profondeur de la voix. La tranquillité de la voix collective se dote habillement d'une brillance qui souligne le chant des solistes et prépare, dans le même temps, les passages vifs. C'est le cas d'"Ich will euch trösten" (Je vais vous consoler), solennel dans le registre bas et attentivement brillant dans le registre haut. Ces passages rapides démontrent la richesse de la voix collective, y compris vers des éclats tout à fait maîtrisés et équilibrés, dont les intentions sont toujours claires. Enfin, la solennité, la clarté et la dignité atteignent leur sommet dans le chœur de conclusion.
Les solistes, Huw Montague Rendall (baryton) et Adela Zaharia (soprano), réunissent la solidité vocale à la bonne compréhension textuelle et collaborent sensiblement avec le chœur. Huw Montague Rendall dispose dès son entrée d'une voix posée, interrogeant d'emblée l'Éternel sur le terme de la vie. Le timbre est brillant, notamment dans les montées vers l'aigu, produisant un impact plus puissant dû à son excellente diction. Le registre grave, velouté et stable, se dissout finement avec la réponse du chœur dans "Siehe, ich sage euch ein Geheimnis" (Voici, je vous dis un mystère). Adela Zaharia valorise le caractère velouté de son timbre -qui se dote cependant de forts contours- dans les élans du registre haut et, de manière générale, dans les passages mélodieux.
L'effet voulu est bien accompli : la majesté de la composition est communiquée dans une ambiance d'intimité et de pureté sonore. La collaboration entre Ad Broeksteeg et Klaas-Jan de Groot au piano et Theun van Nieuwburg aux timbales souligne non seulement la beauté de la voix humaine, mais également les messages de paix et de foi au cœur de l'œuvre.
Un témoignage de paix et d'espérance marquant pleinement la fin d'un mandat et annonçant les débuts d'un nouveau.